Quand je ne vais pas bien, j'écris. Je l'ai toujours fait, enfin depuis mes 10 ans. J'ai tenu un journal de 10 à 16 ans, puis j'ai arrêté de le faire de façon régulière. Mais dès que ça se bouscule trop dans ma tête, dès que la souffrance est trop forte, j'écris tout ce que je ressens. Et ensuite, je vais mieux.
D'habitude, je ne me relis pas. Et surtout, je ne fais pas lire ces mots qui ne servent qu'à me soulager.
Mais une fois n'est pas coutume. Je vais partager sur ce blog cette tranche de vie de Septembre à Novembre 2015, et vous allez très vite comprendre pourquoi.
Cela correspond à la période où ma thérapeute de l'époque m'a parlé pour la première fois du syndrome d'Asperger et de l'éventualité que cela puisse me concerner. J'y décris toutes mes réflexions, mon rejet, mes résistances, mes obsessions... bref, c'est du live !
Alors,
A tous ceux qui se posent encore la question de l'importance d'un diagnostic... lisez.
A tous ceux qui ne peuvent imaginer la souffrance dans laquelle nous plonge le fait de ne pas savoir... lisez.
A tous ceux qui auraient envie de minimiser l'importance d'une telle démarche... lisez.
A tous ceux qui souffrent au point de ne pas savoir s'ils seront encore en vie le lendemain, à tous ceux se pensent fous à lier et bons à interner... lisez.
A tous les psys qui, trop aveuglés par leur formation, ne connaissent rien à l'autisme et se trompent dans leur diagnostic ...lisez.
A celle qui a su émettre les bonnes hypothèses et qui a sauvé ma peau... MERCI.
"Mardi 22 septembre 2015, 22h30.
Fallait que je me relève parce que j’arrive pas à dormir. Et en même temps, faut pas que je me couche trop tard, parce que demain je me lève tôt, j’ai une journée de dingue en perspective, et quand je manque de sommeil je ne suis bonne à rien. Mais à quoi bon rester au lit si c’est pour mordre l’oreiller pour m’empêcher de hurler ? Pour pleurer et avoir mal à en crever ?
Faut que les mots sortent. Ca m’a toujours sauvé. Ce journal que j’ai tenu si longtemps, c’est peut-être grâce à lui que je suis encore vivante.
Alcoolo, bipolaire ou je sais pas quoi, cinglée en tous cas, mais vivante. La belle affaire, tiens. Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer comme ça longtemps, j’en sais rien. Cette douleur… C’est insupportable. Hormis me relever, prendre l’ordi, écrire et fumer. Je ne sais pas si ça va me soulager, je ne sais même pas ce qui peut me soulager. Enfin si, je le sais. Mais je ne veux pas.
La chimie le pourrait. Mon psychiatre dit que c’est chimique, c’est la chimie du cerveau qui s’est déréglée. En d’autres termes, mes pensées, mes émotions ne m’appartiennent même pas. Ca surgit comme ça, un gros bug en plein jeu, y’a tout qui part en vrille et c’est juste chimique. Donc, médicaments. Traitement. J’ai passé presque 4 ans sous antidépresseurs et vraiment, vraiment, je ne veux pas en reprendre. Ca m’a complètement coupé de moi-même, de ma source de vie.
J’étais là, normale d’extérieur, mais à l’intérieur, c’était… Pas vide, non. Mais pas moi. Mais c’est qui, ce Moi dont je parle ? C’est quoi ? C’est ma folie ? C’est ça qui me définit ? C’est mon… identité ? Mon authenticité ? Après tout, je ne me souviens pas de moi avant, avant d’être folle, avant d’être accro à la nicotine ou à l’alcool. Je ne me souviens pas de moi avant.
Avant d’être brisée, avant d’être constamment assaillie par cette douleur bien au-delà de la tristesse ou du cafard. Avant de me rendre compte que ma vie n’a aucun sens, et de continuer à faire comme si. Comme un bon petit soldat.
Se lever le matin. Préparer le petit dej’. Partir bosser. Revenir. Ménage. Bouffe. Courses. TV. Dodo. Et tout recommencer. Inlassablement. Jour après jour. Se dire que non, y’a pas que ça, y’a forcément autre chose, cette autre chose ce sont mes enfants, je suis là pour eux, je suis un mammifère et en tant que mammifère, mon instinct depuis la nuit des temps c’est d’élever et protéger mes petits. Que ça doit pouvoir suffire à ma vie. Mais je suis un mammifère pensant. Et là ça coince.
Y’a que moi qui voit ça ? Y’a que moi qui sait ça ? Comment ils font, les autres ? Comment ils composent avec tout ça ? Je veux dire, notre monde, notre société ne riment à rien. On nous fait prendre des vessies pour des lanternes, et faut mordre à l’hameçon, et consacrer sa vie à se faire essorer, lessiver, piller intérieurement. Vendre pour un peu de monnaie le meilleur de notre temps, de notre vie, de nos capacités, de nos compétences. Vendre nos ressources, notre planète, notre dignité, nos idéaux, pour rien. L’argent est virtuel, toute la richesse du monde converge vers moins de 100 personnes sur 7 milliards. L’argent n’est rien. Il est créé par les banques et dans les quantités qu’elles veulent. Les riches le détournent. Les pauvres le fantasment. C’est un vaste canular.
Moi, je sais. Et je préférerais ne pas savoir. Ne pas avoir cette lucidité.
Je n’arrive pas à me connecter à ma vie. Je n’arrive à rien. Le moindre de mes mouvements me semble totalement absurde, dénué de sens et sans aucun intérêt. Mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Je ne sais pas vivre autre chose.
Je ne sais rien ressentir d’autre que la douleur. Ou la colère. Enfin non, pas exactement, mais ce sont les émotions que je ressens le plus fortement. La joie ? Ca peut m’arriver, mais ça reste en surface. L’amour ? Oui, pour mes enfants. Je ne sais aimer personne d’autre. Enfin, personne de réel. Mais la douleur… Mais la colère… Elles viennent de loin, du plus profond. Elles me submergent, elles sont comme une lame de fond, elles m’entrainent et me roulent sur les rochers et me rejettent toute écorchée. Et je respire un peu. Jusqu’à la vague suivante. Combien de temps je peux tenir ?
On me dit résiliente.
C’est juste un réflexe. Quand je sens le fond, je donne un coup de talon. Et je remonte. Mais je m’enfonce à chaque fois plus profond. Y’aura bien un jour où la surface sera trop loin. Ou bien je me laisserai couler une bonne fois pour toute.
Et pourtant. Je ne suis pas suicidaire. Mais quand j’ai mal comme ça, comme ce soir, comme hier, comme avant-hier et comme demain et les jours suivants, je voudrais juste que ça s’arrête. Que tout s’arrête. Ce soir j’ai plus la force. Je ne supporte plus. Je pense à mes enfants. Pour eux je dois continuer à lutter, je le sais bien. Mais ça fait des années… Je me fatigue.
Quand je crois que la tempête est passée et que je vais enfin pouvoir atteindre le rivage, une autre lame de fond. Qu’est-ce qui les crée au fond de moi ? D’où elles viennent ? Qu’est-ce qu’elles me veulent ? Qu’est-ce qui peut les faire s’arrêter ? Je cherche, je cherche et je ne trouve pas.
Ca fait 6 ans que je cherche, que je creuse en moi, que je me décortique, que je retire les armures, les masques, que je me mets à nue, que je range les gants, que je pardonne aux autres et à moi-même, que je me soigne, que je ne picole plus, que j’essaie de vivre pour moi, que je me suis libérée des hommes et de mes parents.
Et tout ça pour ça ?
Alors oui, le toubib doit avoir raison. C’est chimique et puis c’est tout. Je prends des p’tites pilules et voilà une mer enfin étale. Sauf que je ne suis pas à la surface. Je suis toujours au fond. Je ne m’y noie pas, mais c’est tout noir. C’est tout froid. C’est tout vide. Au moins je ne meurs pas. La belle affaire.
Demain, tout à l’heure va falloir se lever et passer toute une longue journée à cacher mes envies de pleurer et de hurler et d’arrêter de respirer. Va falloir rentrer à la maison et sourire à mon fils et lui dire que tout va bien et être calme et aimante comme je le suis d’habitude. Sauf que ce soir, par deux fois je n’ai pas pu, par deux fois je me suis emportée et je l’ai fait souffrir. Et je n’ai pas pu m’en empêcher !
Je dois voir Françoise vendredi, ma psychologue. J’ai avancé le rdv, je vais annuler un déjeuner important mais tant pis. Et j’espère pouvoir tenir jusque là. J’espère que ça ne va pas empirer. J’en suis à me demander s’il ne va pas falloir que je demande à son père de s’occuper de B., et d’aller aux urgences psy. J’en suis là. Sauf qu’ils vont me mettre sous cachetons. Sauf que je veux pas. Sauf que j’ai peut-être pas le choix. Et puis quand j’ai mal comme ça, j’ai envie de boire. Une autre façon de me cachetonner finalement. Ca a pas mal fonctionné. Pendant des années. L’alcool, c’était mes antidépresseurs à moi. Sauf que je ne veux pas reboire.
Je ne sais pas quoi faire. Je vais essayer de dormir. En espérant que ça aille mieux demain.
Amen.
Mercredi 23 Septembre, 22h30.
Ok. Je ne suis pas guérie. Je ne le serai jamais. Je suis cinglée. Je le cache aux autres, à moi-même mais les faits sont là, y’a pas que ma mère de folle. Bel héritage.
Ok. Je prétends que cette vie n’est pas la mienne. Mais. Si j’avais le pouvoir de la changer. Qu’en ferais-je ? Et bien la réponse, c’est que je n’en sais rien. J’y ai pensé toute la journée, et je n’en sais rien. Je me suis persuadée pendant longtemps que si j’écrivais, que si j’arrivais à accoucher enfin d’un foutu bouquin, un truc que les gens puissent lire, qu’ils aimeraient comme j’ai aimé Vargas ou Gavalda… ça changerait ma vie. Que si ma vie est laide c’est parce que je n’y arrive pas. Que sortir de l’ombre de l’anonymat résoudrait tous mes problèmes. […]
Mais aujourd’hui je n’en suis pas si sûre. Je ne suis plus sûre de rien. Ce dont je suis sûre ou presque, c’est que je n’arriverai jamais à être un écrivain reconnu. Donc, ma stratégie est mauvaise depuis le départ. Et puis, il n’y a que les ados qui rêvent d’être connus. Star de rock, footballeur ou que sais-je.Et moi je devrais avoir passé l’âge.
Donc. Quelle serait ma vie si j’avais le pouvoir de la changer en autre chose que celle d’un auteur de best-seller ? Je n’en suis pas certaine, mais je crois que je serais sur les routes. Marcher. Ca a toujours été mon truc, mon désir profond. Si ma fille n’était pas née, j’aurais pris la route à ce moment-là, vers les 20 ans. Et la route m’aurait prise à son tour, et ne m’aurait plus relâchée. Je serais devenue alcoolo encore pire, droguée aussi sans doute, ça n’aurait plus été la route mais la rue. Enfin, je crois. […]
Allez go, au lit. Essayons d’aller rêver. Sans trop pleurer.
vendredi 25 septembre 2015, 7h00
Je vais voir Françoise à 14h. […]
Je ne sais plus ce qui relève de ma maladie psychiatrique ou non. Peut-être que Françoise m’éclairera là-dessus. Parce que je trouve que je me suis bien ressaisie sur ce coup-là. J’ai vraiment cru que j’allais plonger complètement, et puis non. Ca va beaucoup mieux. Le fait d’écrire n’y est pas pour rien, c’est ma catharsis et ça l’a toujours été. Est-ce grâce à ça ? Est-ce grâce à mon régulateur d’humeur ? Ou les deux ? Pffffff… C’est compliqué pour moi, de savoir que je ne suis pas le seul maître à bord de mon vaisseau. Qu’on est deux aux commandes, finalement. Moi, et mes cachetons. J’essaie de ne pas penser à tout ça, mais quand j’y pense, ça me plonge dans des abîmes d’incompréhension. Pourtant, je suis bien obligée d’admettre que je souffre nettement moins, et nettement moins longtemps. Finalement, nous ne sommes que chimie, hormones et impulsions électriques. Vu comme ça, c’est tout de suite nettement moins romantique.
Bon, je finis ma clope et go pour le marathon quotidien. Mon chef me fout la pression et ça ne me va pas du tout. Va falloir que je prenne le temps d’écrire à ce sujet, mais pas ce matin. Je suis déjà à la bourre.
Go.
16h30.
Je viens de voir Françoise. Elle est bien, cette psy. Elle me fait du bien.
Peut-être que je ne serais pas bipolaire en fin de compte. Peut-être qu’il s’agit du syndrome d’Asperger. Dans le spectre autistique, on va dire que c’est le plus léger. Elle m’a confié un livre, je vais l’attaquer. Elle m’a dit de prendre des notes. Je vais le faire aussi. Mais c’est bizarre, sans même avoir ouvert le bouquin, mon petit doigt me dit qu’elle a raison. On va voir ça…
Bon, à la lecture des premières pages, rien de flagrant. Oui, c’est vrai, y’a des trucs qui concordent et d’autres, non. Allez, on continue.
19h30 .
J’ai fait une colonne oui (je me reconnais) et une autre non. Force est de constater que la liste est très grande du côté des oui. Mais j’ai pas encore fini le bouquin…
samedi 26 septembre 2015, 6h20.
6h20 et je suis réveillée, un samedi !! C’est du grand n’importe quoi, alors que je suis crevée. Mais c’est comme ça, quand je suis totalement agitée du bocal, je dors beaucoup moins. Ce qui me fatigue. Or, la fatigue me rend encore plus vulnérable. Ca devient compliqué.
Bon bref, venons-en au sujet. Cette histoire de Syndrome d’Asperger me préoccupe. Longue liste de oui, et brève liste de non.
Oui pour : pas de maquillage, coiffure simple, androgynie ; univers à moi, l’extérieur est chaotique ; soif de savoir, autodidacte ; grandes capacités de concentration ; ennui à l’école, harcèlement ; bruits ou sensations insupportables (tictac, radio ou tv allumée sans que je la regarde, cris et disputes, vent, les parfums vanillés !, les néons, …) ; besoin pour m’endormir de boules Quiess et d’une lourde couette ; ne pas supporter les grands magasins et les supermarchés, les séances de shopping ; horreur du froid ; se sentir ½ homme ½ femme ; laisser mes partenaires en amour me choisir ; me sentir étrangère, d’une autre planète ; pas ou peu d’amis ; surtout pas d’activités de groupe, pas d’endroit avec trop de monde, trop bruyants (j’adore nager mais je ne supporte ni la plage ni la piscine) ; garder un emploi ; dépression sans volonté de passage à l’acte ; accès de colère, surtout face à l’injustice (plutôt dans mon enfance) ; couper les ponts (plus ou moins).
Non pour : ne pas savoir quand m’arrêter dans mes occupations (mais vrai quand j’étais petite) ; autostimulation (sauf si fumer en est une) ; pas de sentiment de honte par rapport aux règles (mais traumatisant dans mon enfance) ; mutisme sélectif ; tics ; peur d’être mère, difficultés à la ressentir, à l’être ; nécessité de contrôler (mais ça je n’en suis pas si sûre), rituels de routine (là encore je ne pense pas, mais des tas de choses m’angoissent si ça ne se passe pas comme je l’ai prévu) ;côté enfantin, immaturité ; manque d’empathie et de tact ; problèmes gastriques (sauf que… SPA par exemple)
Donc voilà. J
Je me dis que dans la colonne des oui, c’est plutôt une accumulation de détails qui ne me semblent pas importants ni révélateurs en soi, alors que dans les non il y a vraiment des symptômes caractéristiques de l’autisme, comme l’autostimulation, le mutisme sélectif ou le besoin de contrôle, les tics et les toc.
Toutes ces petites choses font-elles de moi une Asperger ?
D’un autre côté, mes souvenirs d’enfant sont ceux d’une Asperger. La lecture compulsive. Toutes ces heures sur ma flûte à bec. Le monde que je m’étais créé, mes jeux sans jouets, genre jeux de rôle. Mes colères, incontrôlables, qui me submergeaient totalement, même en public. Cette nécessité de m’isoler pour y mettre fin.
Mais aujourd’hui ? Reste cette difficulté à m’intégrer, à avoir des amis, à participer à des activités, à sortir dans des endroits bruyants et surpeuplés. Ce besoin d’être seule, de silence, de calme. Ces effondrements de l’humeur. Cette incompréhension du monde qui m’entoure et de ses règles, de ses codes. Cette incapacité à communiquer « normalement », de façon superficielle.
J’arrive à dominer ma colère. Mais parfois, parfois elle peut encore m’envahir. Pourtant j’y ai beaucoup travaillé. Comme ils me l’ont dit en cure, j’ai tellement voulu étouffer ma colère que j’ai étouffé avec elle toutes mes autres émotions.
J’arrive à intégrer les codes d’un comportement social normal (au travail par exemple) et à les appliquer. Mais c’est vrai aussi que je ne fais pas cet effort dans ma vie privée. Du coup je ne vais pas vers les autres, et je suis seule. Exceptée mon amie J., je n’ai personne autour de moi.
C’est vrai aussi que mon espace personnel compte beaucoup pour moi. J’ai du mal à supporter qu’on l’envahisse, que d’autres l’investissent, je ne peux plus concevoir la vie à deux à cause de ça notamment, et j’ai besoin d’ordre sinon ça m’angoisse. Là par exemple, je trouve ma maison sale et en désordre, et je vais consacrer pas mal d’heures et d’énergie ce weekend à faire le ménage. Alors qu’en fait, je rêve de me faire deux jours de marche sur le chemin de St Jacques. Mais je sais aussi que je ne pourrais y aller que quand j’aurai fait le ménage. Les choses que B. laisse trainer dans notre espace commun (qui est en fait le mien) m’agressent et m’insupportent.
Donc, si je résume, les seuls symptômes que je suis sûre de ne pas avoir sont l’autostimulation et le mutisme sélectif. Suffisent-ils à écarter le diagnostic d’Asperger ?
Je parle d’autre part d’amélioration. Or un handicap, par définition, ne s’améliore pas et ne se soigne pas, contrairement à une maladie.
Sauf que, comme me l’expliquait Françoise, mon THQI me permet de masquer certains symptômes et prend le pas sur l’Asperger, ce qui rend le diagnostic encore plus difficile.
Je pense qu’elle a raison, que je suis une Asperger. Ce qui me fait dire ça au final, ce sont mes souvenirs d’enfance qui correspondent énormément à ce qui est décrit dans le bouquin. Ca, et le fait que je n’ai jamais adhéré au diagnostic de bipolarité et à cette idée de maladie psychiatrique. On ne naît pas malade, on le devient. On ne naît pas bipolaire. Or, moi je suis née comme ça. Ce qui semble corroborer l’Asperger.
De malade me voilà autiste.
La peste ou le choléra ? Ca me serre les tripes quand même, tout ça. Mais je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt. Si les psys que je vois cherchent à ce point à me coller une étiquette, c’est bien parce qu’il y a quelque chose de différent en moi, de dysfonctionnant. Pas de fumée sans feu.
Bon ben voilà. Y’a plus qu’à digérer l’info.
23H45
B. dort chez son père, il est allé chez J. dans la journée. J’ai pu être enfin seule. J’ai rien foutu. J’ai regardé deux films, j’ai dormi, j’ai mangé, j’ai fumé. J’ai l’impression d’être passée dans le tambour d’une machine à laver, programme essorage.
J’ai lu des trucs sur internet, j’ai même passé des tests. Si je suis Asperger, franchement c’est pas flagrant. Moi je pense que tout ce qui peut paraitre différent des autres, c’est surtout lié à mon THQI. C’est ça qui m’isole, qui me place « à côté », pas au-dessus ou en dessous mais à côté, sur un plan différent. Je ne pense pas qu’il faille chercher plus loin. Alors oui, ça peut paraitre être des comportements autistiques, mais c’est tout. En puis je ne pense pas qu’il y ait d’Asperger dans ma famille, ça se transmettrait, ce truc-là. Ma mère est folle, mais je ne pense pas qu’elle soit Asperger. C’est autre chose. Quoi, j’en sais rien, je ne suis pas psychiatre. Mais pour moi, c’est pas ça.
En fait ça me prend le chou, tout ça. Je suis… comme je suis, voilà, ça s’arrête là. Je ne suis pas malade, c’est une certitude. Je suis THQI, c’est une certitude aussi. C’est même l’élément le plus déterminant de ma personnalité, le plus problématique aussi MAIS ce n’est pas pathologique, et ce n’est pas un handicap non plus. Tiens, d’ailleurs je vais aussi faire la liste de tous ces petits trucs que ressentent les HQI, et voir ceux qui me parlent le plus. Je suis sûre de trouver beaucoup plus de points communs avec les THQI qu’avec les Asperger. Allons-y.
Alors voilà déjà ce que je viens de trouver :
- Sensation de facilité dans les petites classes. Pas d'apprentissage de la nécessité de faire des efforts
- Par la suite, ennui insupportable en classe. Hostilité vis-à-vis de l'école, effondrement des notes. Rêverie, TDA/H.
- Dispersion de l'énergie sur plein de centres d'intérêts sans approfondissement, comportement de scanneur
- Difficulté à supporter les « idiots »
- Exigence d'exactitude
- Utilisation privilégiée du paradoxe et de la métaphore dans les réponses aux questions
- Manque de confiance dans les autres, difficulté à déléguer
- Hostilité vis-à-vis de l'autorité, rébellion, attitude négative, tendance forte au pessimisme
- Tendance à la solitude voire à l'isolement social si l'écart de QI avec l'environnement immédiat est trop important (distance proche de ou supérieure à 2 écarts types). Sentiment important de marginalisation sociale, sensation d'être un étranger. Dans les cas extrêmes, à la préadolescence ou à l'adolescence, tentative de suicide, et à l'âge adulte, rejet de l'opinion d'autrui, et comportement d'original voire de cinglé
- Risque d'avoir des “problèmes psy” lourds, voire de se retrouver hospitalisé en psychiatrie
- Taux de mortalité par maladie, accident (parfois mal expliqué) ou suicide anormalement élevé (2 à 3 fois supérieur à la moyenne nationale)
- Parfois des tendances autistiques (syndrome d'Asperger).
Alors là y’a pas photo. C’est oui à tout. Continuons les recherches.
Et là je viens de trouver un tableau qui prendrait 3 pages si je faisais un copié/collé. Vaut mieux que je mette le lien.
Et là, c’est tout aussi flagrant. Je me reconnais partout. Donc ?
Je vais dans un second temps voir tous les points communs entre les symptômes Asperger et les troubles liés au THQI. Ca va être très très parlant. Mais il fera jour demain.
lundi 28 septembre 2015, 6h50
Levée tôt aujourd’hui, j’avais pas mal de trucs à faire pour le boulot mais c’est bon, je suis au point pour ma journée.
J’ai bien bossé ce weekend, sur Asperger versus THQI. Je voulais apporter la démonstration de ce que j’avance, à savoir que mes particularités de fonctionnement viennent plutôt de ma douance. J’ai donc fait deux ensembles, et leur « intersection » (ça ne s’appelle pas comme ça en langage mathématique mais ça ne me revient pas, les cours sur les ensembles c’était en sixième !), car il y pas mal de points communs entre les deux. De même qu’il y a pas mal de points communs entre la bipolarité et le THQI. D’où les erreurs de diagnostic, je pense.
Si l’on ne regarde que ces symptômes communs, je suis d’accord pour dire que ça ressemble fort au syndrome d’Asperger. Mais il y a tous les autres, ceux qui sont propres à chaque singularité. Et là, y’a pas photo. Je me retrouve vraiment dans la longue liste de ce que ressentent les HQI. A tel point que c’en est flippant, d’ailleurs. Comment cette singularité peut-elle déterminer à ce point tout ce que je pense et ce que je ressens, y compris dans ma relation aux autres, au travail, à l’amour ?
De plus, certaines particularités des THQI sont antinomiques avec celles d’Asperger. Prenons l’empathie par exemple. Très marquée chez les HQI, elle est inexistante chez les Asperger. Les HQI peuvent deviner intuitivement qui est l’autre et le cerner avec beaucoup de justesse, là où l’Asperger ne peut pas même pas interpréter le langage non-corporel !
Pour moi, la conclusion est évidente. Je suis HQI et point barre. C’est une certitude, et à mon sens il n’y a pas besoin de chercher plus loin. Quant à continuer à prendre mes régulateurs d’humeur, pourquoi pas puisqu’ils me maintiennent dans une zone de confort où mes émotions ne présentent pas trop de danger pour moi-même, le principal étant la rechute dans l’alcool.
Bon ben voilà. Enquête terminée, dossier classé. Reste plus qu’à voir ça avec Françoise et qu’elle me dise ce qu’elle en pense.
Et c’est parti pour une nouvelle semaine d’intense labeur. Prenez pitié de nous, pauvres travailleurs…
mercredi 30 septembre, 16h45
Suis rentrée tôt aujourd’hui. Je suis vannée. Il reste encore deux jours à tirer. Faut dire que je me levais à 5h45 tellement j’avais de trucs à faire pour le boulot. Et je me pose rarement avant 20h30. Y’a quand même de quoi être fatiguée…
Sur cette histoire d’Asperger, j’ai beau avoir dit que le dossier est classé, ça continue de me trotter dans la tête. Ben oui, je suis comme ça… Trop facile, sinon.
Bref. Françoise m’a demandé si ma mère ne pourrait pas être Asperger (vu que ça se refile de génération en génération), et j’ai botté direct en touche. Elle est marteau oui, mais Asperger, non. Mais après réflexion…
Besoin de routine, rituels, tics et tocs, accès de colère, dépressions, répéter plusieurs fois la même chose (quand « elle se met en boucle » selon ma propre expression), se retrouver la « proie » de partenaires pervers et dominateurs (ne serait-ce pas un JC, ça ?), se couper du monde extérieur (sa radio à l’oreille depuis quelques temps, ses Sudoku, …) Et si c’était ça ?
Et si c’est bel et bien ça (et ça y ressemble fortement, et ça expliquerait bien des choses…) alors moi, je le serais aussi, selon toute probabilité ? C’est sûr que c’est ça qui va ressortir. Dans les tests que j’ai pu passer en ligne et qui valent ce qu’ils valent, je suis très légèrement Asperger. Françoise va m’en faire passer mercredi prochain, et ça va tendre aussi vers l’Asperger, ça c’est sûr. Corroboré évidemment par le fait que ma mère en est sans doute une aussi. Si c’est le cas, faudra sans doute que je lui en parle. Ou pas, d’ailleurs. Ca l’avancerait à quoi, de l’apprendre à presque 70 ans ?
Je sens que je vais gamberger jusqu’à mon rdv avec Françoise. J’espère qu’elle pourra me donner quelques réponses. Parce que ça me perturbe, cette idée d’être Asperger, même très légèrement. Ca ne me plait pas. Pas plus que cette histoire de bipolarité. Quelque chose me dit que non, ce n’est pas possible, je ne le suis pas mais alors pas du tout. Et quelque chose me dit que si, ça se pourrait bien quand même, et que si je le suis de façon si légère, c’est parce que mon HQI est parvenu à atténuer voire gommer certains symptômes. C’est ce qu’avait l’air de dire Françoise, en tous cas.
Allez, je vais aller faire un peu de cerf-volant avec mon p’tit loup, ça peut pas nous faire de mal.
Samedi 17 Octobre, 16h45.
Depuis que cette espèce de tsunami émotionnel m’a submergée, ça ne va pas fort, autant le dire.
C’est comme si des digues s’étaient rompues, à l’intérieur de moi. Tout ce que je refoule depuis si longtemps. Et la quête de mon identité…
Je dors peu et mal, je suis crevée toute la journée, le cerveau mouline sans arrêt, ça m’épuise. Je suis de nouveau dans une période obsessionnelle. Je me suis remise au poker en ligne. Et je ne pense qu’à mon boulot. Quand je me réveille, peu importe l’heure, je me rends compte que j’étais en train de penser à mon boulot. J’ai des objectifs à atteindre pour la fin de l’année, y’a de l’argent en jeu.
D’habitude ça ne me prend pas la tête comme ça, mais là c’est parce que je suis dans une phase obsessionnelle. Je commence à mieux comprendre comment je fonctionne, c’est déjà ça. Donc je ne lutte pas. Je pense aussi que j’ai besoin de pensées « de surface » très prenantes pour que mon cerveau aborde les vrais problèmes en tâches de fond.
J’ai fait le test d’Asperger avec Françoise, ça rejoint mes conclusions. Difficile à dire. Peut-être bien que oui, les symptômes sont plus marqués dans mon enfance, et puis peut-être bien que non, j’ai répondu non à certaines questions révélatrices d’Asperger. Alors ? Je reprends les paroles de Françoise : « tout ça pour vous dire, Sophie, que non, vous n’êtes pas cinglée. »
C’est le principal, non ?
Et puis, une autre certitude, c’est que je ne suis pas « neurotypique » (c’est comme ça qu’on dit). HQI ça c’est sûr, HQI + un soupçon d’Asperger c’est probable.
Je viens d’acheter à la Fnac "Différence et souffrance de l'adulte surdoué", c’est arrivé ce matin. Je voudrais le faire lire à ma fille quand je vais aller la voir la semaine prochaine, et puis à mon père aussi. C’est important pour moi, je crois, mais aussi pour eux. Qu’ils sachent enfin non pas QUI je suis (j’aimerais bien le savoir moi-même), mais POURQUOI je suis … comme ça, différente, incompréhensible parfois.
Je me rends compte que quand on est différent, on ne se pense pas différent. On perçoit la différence DES AUTRES, pas la sienne propre. Je veux dire par là, c’est ce dont je me rends compte en ce moment, que ce sont les autres que je perçois comme différents de moi. Et pas l’inverse !
Ce que ça change ? Tout !
Depuis que je suis toute petite, j’essaie de comprendre comment fonctionnent les autres. Par exemple, je me souviens que je tendais la main gauche pour dire bonjour. C’était comme ça. Moi ça me semblait normal de dire bonjour avec la main gauche, mais tout le monde tendait sa main droite. Alors j’ai appris à faire comme les autres. Et pour plein d’autres choses.
En fait, pour toute chose. Je me calque sur les autres, j’ai essayé toute ma vie de le faire, avec plus ou moins de succès, mais sans y parvenir vraiment. Ils sont différents de moi, et j’en ai marre d’essayer de gommer ces différences. Je n’y arriverai jamais, et ça m’épuise, ça me bouffe toute mon énergie, ça m’a muselée pendant plus de 40 ans et ça aurait pu me tuer.
Donc l’enjeu aujourd’hui, c’est de comprendre comment moi, je fonctionne. Non pas comment les autres fonctionnent. Mais comment MOI, je fonctionne. Intégrer mes particularités qui sont d’ailleurs des normes dans mon groupe de référence, les HQI. Me faire comprendre à moi-même et faire comprendre à mes proches que, pour une HQI, ou une HQ/Asperger, et bien je suis on ne peut plus normale. Ce bouquin va m’y aider. Françoise m’aide aussi.
Et je pense que quand j’aurai posé tout ça, ça ira nettement mieux. Et mes obsessions du moment, elles sont normales, pour mon fonctionnement à moi.
Et puis c’est tout.
Dimanche 18 octobre, 11h20
Je suis quand même arrivée à dormir 8h cette nuit. Minuit – 8h. Et encore un peu ce matin. Malgré ça, je suis fatiguée. Quand je me réveille mon cerveau tourne à 100 à l’heure, il ne s’arrête pas quand je dors. Je me réveille et c’est comme reprendre une conversation en cours, ça parle boulot ou poker ou HQI.
J’ai toujours autant mal partout, surtout au réveil. Longue poussé inflammatoire, j’ai l’habitude, ça peut durer deux ans avec un peu de malchance.
Je relis « les Déferlantes » et je me régale.
Je joue au poker et je gagne. Sit’n Go fifty. C’est une bonne formule pour moi. Le jeu n’est pas linéaire, les blind te poussent au cul et faut savoir partir à tapis au bon moment, les joueurs sont plutôt tight et ne font pas n’importe quoi. Calculer les cotes, deviner le mode de jeu de chacun, au moins là ça marche. Je joue en ouvrant quatre tables à la fois. Comme ça mon cerveau tourne à fond, il faut étudier très vite tous les paramètres et prendre une décision en quelques secondes. Mes neurones sont contents, ils tournent à plein régime. Mais plus je les fais tourner et plus ils en redemandent. C’est la quadrature du cercle. Peut-être que ça s’arrêtera.
Ou pas.
13h
Je lis le bouquin sur les surdoués et ça aussi ça me déprime. Je me reconnais dans les particularités de fonctionnement, c’est clair, mais pas dans les témoignages. Ce sont des gens qui ont réussi. Ils ont fait des études, ils te résolvent des équations complexes les doigts dans le nez, ce sont des tronches, ils ont un bon job. Moi je n’ai rien de tout ça…
22h50
B. est chez J., j’ai pu passer la soirée seule. Dès que je suis seule, je m’enfonce dans une sorte de … marasme. Un truc bien à moi, mi tranquille, mi cafardeux, un peu actif mais pas trop, je me visualise mes petits plaisirs et j’enrage quand quelque chose vient perturber ça, comme le téléphone.
D’ailleurs je ne réponds pas. Il a fallu que j’appelle ce soir mon père, ma mère et mon frère (ben oui, on est dimanche) et c’était la corvée, parce que je ne l’avais pas prévu dans mon programme de soirée. Je ne l’avais pas visualisé.
Je traite les autres de cinglés, mais je suis pas mal dans mon genre… Je me rends de plus en plus compte du gouffre qui me sépare de la normalité, des normes. J’essaie de prendre de la distance vis-à-vis de moi, de me regarder faire de l’extérieur. Pas à dire, y’a un gouffre… Il va falloir que j’arrive à mettre des mots sur tout ça, prendre tous mes décalages, petits et grands, les écrire et les décrire, me scanner à fond. Et demander à Françoise de m’aider à faire quelque chose de tout ça.
Allez, je finis mes tables de poker et dodo.
lundi 19 octobre 2015, 08h40
J’ai bien dormi cette nuit. Pas mis mon réveil et levée à 8h. Un peu tard pour attaquer une nouvelle semaine, mais au moins je me sens reposée.
Je voulais tracer sur les routes dès ce matin, manque de bol ma tablette n’est pas chargée, j’ai oublié de la mettre en charge hier soir. Oubli freudien ? En tous cas, je suis coincée à la maison pour la matinée. Pas grave, je me rattraperai cet après-midi. J’ai pas mal de coups de fil à passer, de toutes façons.
Et quand je me suis réveillée, j’étais encore en train de penser au boulot. Sauf que là c’était constructif, j’ai eu une pure bonne idée. Faut que je voie ça avec mon collègue A.
Sinon je viens de tout relire, j’avais eu la flemme jusque là. Je trouve que j’avance bien. Exit l’hypothèse de la maladie psychiatrique. Je crois que c’est là l’essentiel à retenir. Et je me sens nettement mieux de savoir que non, je ne suis pas malade. Je suis juste foutue différemment. J’ai très envie de le faire comprendre à mon entourage, je ne suis pas tout à fait prête pour l’instant, faut que j’avance dans la lecture de mon bouquin, mais quand je le serai je leur en parlerai, ça c’est sûr.
J’en veux aussi à mes parents de ne pas avoir détecté tout ça plus tôt, d’avoir essayé de me faire rentrer dans le moule coûte que coûte (je pense à leurs punitions alors que mes réactions étaient juste différentes) sans jamais se poser les bonnes questions. Dolto et Betelheim avaient déjà écrit de nombreux ouvrages à l’époque, on ne voyait plus l’enfant de la même façon. De nombreux indicateurs auraient dû leur mettre la puce à l’oreille mais non. Leur seule préoccupation, c’était de me rendre « normale ». Comme si moi je ne tenais aucun compte de la dyspraxie de B. Sa vie serait un enfer ! On ne peut pas faire courir un 100m à un cul-de-jatte, bon sang ! C’est donc si difficile à comprendre ?
Pour moi, il est trop tard pour certaines choses, mais sans doute pas pour toutes. C’est là-dessus qu’il faut que j’avance. Que je continue à avancer. Parce que maintenant, j’ai les bonnes cartes en main. Enfin."
*
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Il a fallu attendre encore quelques mois et le coup de génie de Françoise qui m'a invitée mine de rien à venir assister à cette conférence sur l'autisme Asperger et de Haut Niveau à Lorient pour que je sorte -enfin- de mon déni, et que j'accepte le fait que je suis Asperger.
Quant à la suite, tout est là, dans ce blog.
Ce texte, il me semblait important de vous le livrer. Parce que si, quand même, il y a "des ascenseurs au fond des précipices". Thiefaine a tort sur ce coup-là.
Et c'en est la preuve !
Aujourd'hui je vais bien. Vraiment bien. Je continue ma Thérapie Cognitive et Comportementale. J'en tire énormément de bénéfices. J'ai pu me reconnecter à certaines de mes émotions. Retrouver une certaine spontanéité. Une certaine confiance en moi. Une certaine estime de moi.
J'apprends à aimer.
A être aimée.
A vibrer.
A être Moi.
A être heureuse.
Et c'est ce que je vous souhaite, à tous !
Be yourself and enjoy.