" Un autiste profond passe sa vie en prison. Un Asperger la passe au zoo..." - S.F -

jeudi 21 juillet 2016

Ma psy avait raison !

Je suis Asperger, ma psy avait raison...

Pour Ch. qui a fait mon évaluation, cela tient du miracle que Françoise ait pu déceler chez moi le syndrome, tant il est masqué, compensé par des années de sur-adaptation épuisante et parfois vaine. 
Il est pourtant là et je n'en ai rien su pendant 45 ans. Encore aujourd’hui je ne sais qu'en penser. Cela fait plus d'une semaine que Ch. m'a donné sa réponse lors d'un rendez-vous sur Skype, après plusieurs passages de tests échangés par mail, deux séances sur Skype et un rendez-vous physique de deux heures trente dans les locaux de l'association Actions pour l'Autisme Asperger à Bayonne.
Avant de pouvoir se prononcer, elle a également pris contact avec Françoise, mais aussi ma fille pour recueillir son précieux témoignage. C'est grâce à celui-ci qu'elle a pu mesurer l'impact du syndrome sur ma vie quotidienne et à quel point il pouvait être handicapant.
Car moi, je n'en ai pas conscience, finalement. D'ailleurs j'ai été incapable de répondre à une question pourtant essentielle : "donnez-moi quelques exemples de maladresses sociales."
Ca semble simple, dit comme ça, mais c'est pourtant totalement paradoxal. Si je me rendais compte que je commets une maladresse, je ne la ferais pas ! 
Je ne peux malheureusement qu'en constater les résultats, sans en deviner les causes. Oui, les gens s'éloignent de moi (enfin, certains, pas tous heureusement !), oui j'ai systématiquement des problèmes avec ma hiérarchie dans le cadre de ma vie professionnelle, non je n'arrive pas à rentrer dans la plupart des conversations et oui je me sens très mal à l'aise dès que je suis face à plus de deux personnes mais pourquoi ? Je n'en sais fichtre rien. Alors comment en parler ? 
Comment parler des anomalies de mon fonctionnement alors que je n'en ai pas conscience moi-même ? 
Aux thérapeutes qui me liraient : vous soupçonnez un effet Barnum chez votre interlocuteur ? L'absence de réponses à cette question devrait lever vos doutes plutôt que de vous conforter dans votre opinion. On ne peut pas parler de quelque chose qui fait totalement partie de nous et dont on n'a pas conscience, cette absence de conscience étant justement la cause de tous nos problèmes !

Maintenant que je me sais Asperger, à l'issue d'une évaluation fiable car très sérieusement menée, j'ai deux objectifs :
Le premier, comprendre au mieux mon fonctionnement, en saisir les limites mais aussi les atouts, car il y en a forcément. 
" Accepter ce que je ne peux pas changer et changer ce que je peux, avec la sagesse d'en connaitre la différence".
Sérénité, sagesse, courage... Ceux qui connaissent la Prière de la Sérénité si pratiquée en A.A., merveilleux outil pour l'atteinte de la sobriété, comprendront... 
Le second, me construire sur ces nouvelles bases, me développer en harmonie avec ce Moi dont je détiens enfin les clefs. 
Une piste que je commence seulement à creuser, mais qui me semble passionnante : la désintégration positive. Mon nouvel intérêt restreint ?

Je ne sais pas, je me sens épuisée, vidée mais aussi très calme et intérieurement silencieuse. Pas de ce silence angoissant car signe de calme avant la tempête, non, le silence de la paix intérieure et l'apaisement. 



Parfois je pense "je suis autiste Asperger." Je tends l'oreille, à l'écoute du moindre signe de colère, de tristesse, de rejet, de frustration. Rien. 
Cela ne sonne ni comme une sentence ni comme une révélation. C'est juste une constatation, une description objective de ma réalité. 
Quand Françoise m'a demandé ce que cela me faisait d'avoir enfin mon diagnostic, je lui ai répondu que je n'en savais rien, que pour une fois je n'avais aucun mot, que je n'arrivais d'ailleurs même pas à en parler sur mon blog, alors que je pensais que je m'y serais ruée dès l'annonce du résultat. 
Que je sentais que c'était là, au fond de moi mais que ça ne remontait pas à mon cerveau et que je n'avais finalement pas envie de le partager mais de le garder en moi, bien au chaud.
Elle a trouvé que c'était plutôt bon signe, que je n'étais pas en phase d'acceptation contrairement à ce que je pensais, mais que je l'avais déjà intégré. Là encore elle avait raison.

Je ne peux que la remercier pour sa clairvoyance, son humanité sans faille et ses compétences professionnelles. Sans elle je serai encore dans l'errance et l'ignorance.

A tous les bretons qui me lisent car se sentant concernés par le Syndrome d'Asperger, soit pour eux-mêmes soit pour leurs proches, sachez que nous avons la chance d'avoir quelqu'un comme elle dans notre région.

Quant à Ch., la psychologue qui a réalisé mon évaluation, sa disponibilité, son efficacité et sa bienveillance furent admirables. Merci à elle, ô combien.

Je vais devenir membre de leur association, je leur dois bien ça, d'autant que la présidente Mme Stourzde, grâce à qui j'ai pu finaliser ce diagnostic en un temps record (comparé aux délais d'attente du CRA) m' a affirmé que je pouvais compter sur leur soutien et leurs compétences quant à mon insertion professionnelle.

Aujourd'hui est un beau jour.

Je suis Asperger.

Et je le sais.




vendredi 15 juillet 2016

le dernier jour

LE DERNIER JOUR


" Se réveiller après un sommeil sans rêve, s'asseoir au bord du lit, poser ses pieds nus au sol et en sentir l'agréable fraîcheur. 
Prier. Merci mon Dieu. Juste merci. 

Boire un thé fort et un peu amer sur le balcon, le regard perdu neuf étages plus bas, à regarder sans le voir son quartier qui sort de la nuit. 
Calme, d'un calme jamais éprouvé, ranger et nettoyer, essuyer la vaisselle égouttée, faire briller l'évier.
Puis s'asseoir à la table de la cuisine, goûter le silence, la chaleur qui monte lentement par la fenêtre ouverte sur ce beau jour d'été. 
Respirer. 
Ecouter son cœur battre et ne rien faire d'autre. Non, rien d'autre.

A l'heure la plus chaude, s'allonger dans la douce obscurité de la chambre, fermer les yeux, ne pas penser.
Respirer.
Se lever enfin, un peu moite, tirer le drap, en effacer le moindre pli et prier à nouveau. Mon Dieu regarde moi, regarde ma Foi. Que ta Volonté soit faite, mon Dieu. Je crois en Toi.
Laisser passer les heures, attendre encore et encore, immobile à la table de la cuisine. Croiser les mains pour qu'elles ne tremblent pas. 
Fermer les yeux pour qu'ils ne cillent pas. 
Respirer.

Au coucher du soleil, prier à nouveau. A Toi qui ne demande rien, je t'offre ce cadeau, Mon Dieu. Tu es grand, seul et unique. Grâce à moi ton Nom sera loué. Tel est mon présent. 
Puis prendre ses clés, franchir le seuil de l'appartement, le regarder une dernière fois, propre et ordonné, fermer la porte à clé.
Monter dans le fourgon, le faire démarrer, conduire dans la ville déserte jusqu'à la mer, se garer pas trop loin, à l'endroit maintes fois repéré, laisser tourner le moteur, attendre encore un peu, pas longtemps, juste le bon moment.
Regarder le ciel s'embraser de mille teintes, les fusées du bouquet final envahir la nuit et retomber en pluie incandescente, puis laisser mourir les applaudissements des milliers de spectateurs venus assister au spectacle du feu d'artifice se reflétant sur la mer, attendre que la foule commence à se disperser. 
Essuyer sur ses cuisses ses mains en sueur, les crisper sur le volant.
Respirer.
Maintenant. 

Passer les vitesses. Accélérer. Ne pas freiner.
 Ni au premier impact, ni aux suivants. 
S'autoriser un très court instant à fermer les yeux sur les tous premiers corps écrasés, puis se jurer de les garder grands ouverts jusqu’au bout.
Respirer. 
Prier. 
Dieu est Grand. 
Continuer jusqu'à la fin. Ne pas dévier malgré les hurlements, les heurts, les pleurs. 
Respirer. 
Prier. 
Dieu est Grand.

Ne pas trembler quand les premiers coups de feu résonnent, ne pas paniquer quand le première balle transperce le pare-brise.

Respirer une dernière fois.
Tuer une dernière fois.
Prier une dernière fois.
Dieu est Grand.
Dieu est Grand.
Dieu est Grand.

Puis mourir "

- S.F. -

Ce peut-il que ce soit aussi ...simple que cela ?


Jonglerie

JONGLERIE



" Un korrigan

A catogan

En cardigan

Perdit le gant

De l’élégant 

Perdigan. "

- S.F. -







*

*            *

hommage

Cet étrange haïku s'est imposé à moi la veille du tragique attentat de Nice qui nous bouleverse tous tant ce matin.

D'où le titre...


HOMMAGE


" Les roses sont pourpres

Du sang de nos morts.

Me faut-il les aimer ? " 

- S.F -